La légitimation des associations non reconnues : commentaire sur l'arrêt n° 30615 de 2024

Le récent arrêt n° 30615 du 09 mai 2024 offre une importante réflexion sur la légitimation des associations non reconnues à se constituer partie civile dans le domaine indemnitaire. Ce thème est d'une actualité pertinente, non seulement pour les aspects juridiques impliqués, mais aussi pour la protection des intérêts collectifs et sociaux que ces associations poursuivent.

Le contexte de l'arrêt

Dans cet arrêt, la Cour de cassation a abordé le cas d'une association non reconnue qui a demandé à se constituer partie civile pour un dommage subi à la suite d'un délit. La Cour a établi que, bien qu'elle ne soit pas reconnue, l'association peut avancer une demande indemnitaire “iure proprio” si elle démontre avoir subi un dommage patrimonial ou non patrimonial, consistant en une atteinte à l'intérêt statutaire.

Association non reconnue - Demande indemnitaire "iure proprio" - Atteinte à l'intérêt statutaire - Nécessité - Ancrage sur le territoire lieu de consommation du délit - Exclusion - Hypothèse. La constitution de partie civile d'une association, bien qu'elle ne soit pas reconnue, est admissible si elle a formulé, "iure proprio", une demande indemnitaire affirmant avoir subi, du fait du délit, un dommage patrimonial ou non patrimonial consistant en une atteinte à l'intérêt qu'elle poursuit et qu'elle a consacré dans ses statuts, sans qu'il soit nécessaire que l'association soit ancrée dans le contexte territorial spécifique où la lésion s'est produite. (Hypothèse dans laquelle la Cour a jugé que la décision reconnaissant la légitimation à se constituer partie civile à des associations statutairement chargées de la protection de la santé des travailleurs dans l'environnement de travail, dans le cadre d'un procès concernant le décès de certains prestataires de services, en raison de la violation de la réglementation en matière de santé et de sécurité sur les lieux de travail, était exempte de critiques).

Implications juridiques

L'arrêt clarifie qu'il n'est pas nécessaire que l'association soit ancrée territorialement dans le lieu où la lésion a eu lieu. Cet aspect est crucial, car il permet à de nombreuses associations de jouer un rôle actif dans la protection des droits et des intérêts de leurs membres, même dans des contextes géographiques différents. La Cour a souligné que l'important est que l'association poursuive un intérêt statutaire, en démontrant avoir subi un dommage direct en raison du délit.

Conclusions

En conclusion, l'arrêt n° 30615 de 2024 représente un important progrès dans la protection des associations non reconnues, confirmant que leur légitimation à se constituer partie civile est reconnue même en l'absence d'ancrage territorial. Cette reconnaissance juridique renforce non seulement le rôle des associations dans la protection des intérêts collectifs, mais invite également à réfléchir à l'importance de leur existence et de leur opérationnalité dans le contexte social et juridique actuel.

Cabinet d’Avocats Bianucci