Commentaire sur l'arrêt Cass. civ., Sez. III, n. 26127 de 2024 : Révocabilité des actes patrimoniaux en séparation

Le récent arrêt de la Cour de cassation, n. 26127 de 2024, offre d'importantes clarifications concernant la révocabilité des actes patrimoniaux entre époux dans le contexte des séparations. En particulier, la Cour s'est exprimée sur la légitimation procédurale et sur la possibilité d'engager des actions révocatoires en relation avec des transferts patrimoniaux effectués dans le cadre de la séparation.

Contexte de l'arrêt

Le cas trouve son origine dans une action révocatoire introduite par MPS Gestion Crédits contre A.A. et son ex-femme B.B., concernant un transfert immobilier survenu à la suite d'un accord de séparation. La Cour d'appel de Gênes avait accueilli l'action, considérant que le transfert avait eu lieu au détriment des créanciers. A.A. a donc formé un pourvoi en cassation, soutenant que le transfert n'était pas révocable puisqu'il avait eu lieu en exécution d'une obligation découlant d'un jugement de séparation.

La Cour de cassation a réaffirmé la possibilité d'engager l'action révocatoire également en relation avec des actes transférant des droits découlant d'accords de séparation consensuelle.

Les décisions de la Cour de cassation

  • La Cour a confirmé que le transfert de biens immobiliers entre époux, même s'il a eu lieu dans le cadre de la séparation, peut faire l'objet d'une action révocatoire si cela nuit aux créanciers.
  • Il a été souligné que la connaissance du préjudice causé aux créanciers n'est pas nécessaire si l'acte est qualifié d'acte gratuit.
  • La légitimation procédurale du cessionnaire a été clarifiée, établissant que la cession de créances en bloc ne fait pas obstacle à la possibilité d'engager des actions révocatoires.

Implications pratiques de l'arrêt

Ce jugement a d'importantes implications pour les parties impliquées dans des procédures de séparation et pour les créanciers. En particulier, la Cour a souligné comment la légitimation procédurale peut être régularisée en cours de procédure, évitant ainsi la prolifération de formalisme procédural qui pourrait entraver le droit d'accès à la justice. De plus, la reconnaissance de la validité de l'action révocatoire des actes patrimoniaux entre époux souligne l'importance de protéger les créanciers contre d'éventuels actes préjudiciables à leur garantie patrimoniale.

Conclusions

En définitive, l'arrêt n. 26127 de 2024 offre une importante opportunité de réflexion sur l'équilibre délicat entre les droits des époux en phase de séparation et la nécessité de protéger les droits des créanciers. La jurisprudence continue d'évoluer dans ce domaine, fournissant des lignes directrices utiles pour la gestion des litiges patrimoniaux dans le contexte familial.

Cabinet d’Avocats Bianucci