Le procès pénal est un mécanisme complexe qui équilibre la nécessité d'établir la vérité avec la garantie des droits fondamentaux de l'accusé. Parmi ceux-ci, le droit de participer à son propre procès revêt une importance capitale. Mais que se passe-t-il lorsque l'accusé est absent et que l'ordonnance déclarant formellement son absence est omise ? Sur cette question délicate, la Cour de cassation, par l'arrêt n° 17218 de 2025, a apporté une clarification essentielle, délimitant les frontières de la nullité procédurale et réaffirmant les principes qui régissent la participation au débat.
Notre système de procédure pénale prévoit une discipline spécifique pour le cas où l'accusé ne comparaît pas à l'audience. L'article 420-bis du Code de procédure pénale, par exemple, établit les conditions pour procéder en l'absence, garantissant que le choix de l'accusé de ne pas participer est conscient et volontaire, ou que son introuvabilité a été constatée avec la diligence requise. La déclaration d'absence, formalisée par ordonnance, n'est pas une simple formalité bureaucratique, mais un acte qui cristallise une situation procédurale avec des conséquences précises sur les droits et les facultés des parties. Elle sert à délimiter le cadre dans lequel le procès peut se poursuivre, même en l'absence physique de l'accusé, en assurant que les garanties de défense soient de toute façon préservées, y compris par la figure de l'avocat.
La décision de la Cour de cassation, Section V Pénale, en la personne du Président P. R. et du rapporteur L. C., a traité le cas d'un procès qui s'est déroulé malgré l'omission de la déclaration formelle d'absence de l'accusé S. P.M. La Cour d'appel de Trieste avait rejeté la demande de la défense, et la Cour de cassation a confirmé cette orientation. Le cœur de la décision est contenu dans la maxime suivante :
L'omission de la déclaration d'absence ne constitue pas une cause de nullité de la sentence, n'étant pas prévue comme motif d'invalidité par les normes procédurales, ni n'entraîne une nullité d'ordre général, n'entraînant aucun préjudice aux fins de l'intervention et de l'assistance de l'accusé, auquel reviennent les droits procéduraux liés à la situation d'absence.
Cette affirmation est d'une importance fondamentale. La Cour de cassation clarifie que la simple absence d'un acte formel, comme l'ordonnance de déclaration d'absence, ne se traduit pas automatiquement par une nullité de la sentence. Pour qu'un acte soit nul, en effet, la nullité doit être expressément prévue par la loi (principe de la spécificité des nullités, art. 177 c.p.p.) ou entrer dans les catégories de nullités générales (art. 178 c.p.p.), qui incluent les vices portant atteinte à l'intervention, à l'assistance ou à la représentation de l'accusé. Dans le cas spécifique, la Cour a estimé que l'omission de la déclaration n'avait pas entraîné de préjudice réel aux droits de l'accusé, puisque les droits procéduraux liés à sa situation d'absence lui sont de toute façon restés garantis. Cela signifie que, bien que l'acte formel ait manqué, la substance des garanties de défense n'a pas été lésée.
La décision de la Cour suprême réaffirme un principe cardinal du droit processuel : la nullité n'est jamais une fin en soi. La simple violation d'une norme procédurale ne suffit pas à entraîner l'invalidité d'un acte, si cette violation n'a pas entraîné un préjudice effectif pour les droits des parties. Ce principe se rattache également à l'orientation consolidée de la Cour constitutionnelle, souvent appelée à équilibrer les exigences d'efficacité procédurale avec celles de protection des droits fondamentaux. En particulier, la Cour a souligné que l'accusé absent conserve de toute façon ses droits, notamment :
L'article 420-bis c.p.p. a été introduit précisément pour renforcer les garanties de l'accusé absent. L'arrêt commenté, tout en rejetant la demande de nullité pour la seule omission de déclaration, ne diminue pas l'importance de ces garanties, mais en calibre l'application à la lumière du principe de non-préjudice.
L'arrêt n° 17218 de 2025 de la Cour de cassation offre une précieuse boussole pour s'orienter dans le thème complexe de l'absence de l'accusé dans le procès pénal. Il nous enseigne que, tout en respectant inévitablement les formes procédurales, la substance des droits et des garanties prévaut sur la simple formalité. L'omission de la déclaration d'absence, si elle n'est pas accompagnée d'un préjudice concret aux droits d'intervention et d'assistance de l'accusé, ne peut conduire à la nullité de la sentence. Cette orientation vise à éviter les abus procéduraux et à garantir la célérité de la justice, sans jamais sacrifier la protection effective de l'accusé. Pour les opérateurs du droit et pour les citoyens, comprendre ces dynamiques est fondamental pour naviguer avec conscience les défis du procès pénal.