La justice fiscale est un domaine complexe, où l'interprétation des normes peut faire la différence entre une sanction pénale et une pleine absolution. Une récente décision de la Cour de cassation, l'arrêt n° 16526 du 4 avril 2025 (déposé le 2 mai 2025), présidé par le Dr L. P. et dont le rapporteur et rédacteur est le Dr F. C., offre des éclaircissements fondamentaux sur un aspect crucial : la cause de non-punissabilité pour les délits fiscaux découlant d'une crise de liquidités survenue. Cette décision, qui a vu F. F. comme prévenu, revêt une extrême importance pour tous les contribuables et les professionnels du droit, car elle précise qui doit prouver quoi lorsqu'on invoque cette exonération particulière.
Le législateur italien, dans l'intention d'atténuer la sévérité des sanctions pénales en matière fiscale, a introduit dans le Décret Législatif n° 74 de 2000, à l'article 13, le paragraphe 3-bis (ajouté par l'art. 1, lettre f), n° 3, du D.Lgs. 14 juin 2024, n° 87), une cause de non-punissabilité. Cette disposition s'applique aux cas où le non-paiement des impôts ou des retenues est dû à une « crise de liquidités survenue et non transitoire ». L'objectif est de protéger les contribuables qui, bien qu'ayant encaissé les impôts ou effectué les retenues, se trouvent dans l'impossibilité objective de les verser en raison d'événements imprévisibles et non imputables à eux. Mais que signifie exactement "survenue et non transitoire" ? Et, surtout, qui doit prouver cette condition ?
C'est précisément sur ce dernier point que la Cour de cassation, par l'arrêt 16526/2025, a apporté des éclaircissements, délimitant avec précision les frontières de la charge de la preuve. La Cour a en effet établi qu'il appartient au contribuable de prouver non seulement l'existence d'une crise de liquidités, mais aussi sa nature et son apparition. La maxime de l'arrêt est éclairante :
Aux fins de la reconnaissance de la cause de non-punissabilité visée à l'art. 1, lettre f), n° 3, d.lgs. 14 juin 2024, n° 87, qui a ajouté le paragraphe 3-bis à l'art. 13 d.lgs. 10 mars 2000 n° 74, il appartient au contribuable d'indiquer les éléments spécifiques et les circonstances prouvant son absence de responsabilité dans la crise de liquidités survenue et non transitoire, ainsi que sa postériorité à l'encaissement de l'impôt et à l'effectuation des retenues certifiées.
Cette maxime signifie que le contribuable ne peut pas se contenter d'affirmer être en difficulté économique. Il doit, au contraire, produire des preuves concrètes et détaillées démontrant son entière absence de responsabilité quant à la cause de la crise. Il ne suffit pas, en outre, que la crise soit survenue : elle doit également être non transitoire, c'est-à-dire de longue durée, et, élément fondamental, elle doit s'être produite *après* l'encaissement de l'impôt ou l'effectuation des retenues. Ceci distingue le cas d'une simple incapacité initiale de paiement, focalisant l'attention sur un événement imprévisible et postérieur qui a empêché l'accomplissement de l'obligation.
Pour invoquer avec succès la cause de non-punissabilité, le contribuable doit donc fournir des éléments spécifiques attestant :
Ces exigences sont strictes et nécessitent une documentation précise et une stratégie de défense bien structurée, souvent avec l'aide de professionnels du droit et de la comptabilité.
L'arrêt 16526/2025 de la Cour de cassation représente un point de référence dans la jurisprudence en matière de délits fiscaux et de causes de non-punissabilité. Il renforce le principe selon lequel la crise de liquidités, pour être considérée comme une excuse valable pour le non-paiement, ne peut être une simple affirmation, mais doit être étayée par des preuves irréfutables démontrant son objectivité, son imprévisibilité et sa non-imputabilité au contribuable. Cette orientation impose aux contribuables un haut degré de diligence dans la gestion financière et, en cas de difficultés, dans la collecte et la conservation de la documentation pouvant attester de l'apparition et de la nature de la crise. Pour le cabinet d'avocats, cela signifie la nécessité d'une analyse approfondie de la situation patrimoniale et financière du client, afin de construire une défense solide et basée sur des éléments probatoires concrets, essentiels pour éviter les graves conséquences pénales découlant du non-respect des obligations fiscales.