Le droit pénal est un domaine en constante évolution, où les interprétations jurisprudentielles jouent un rôle fondamental dans la définition des frontières des infractions pénales. Une récente décision de la Cour de cassation, l'arrêt n° 17653 du 26 mars 2025 (déposé le 9 mai 2025), présidé par le Dr E. V. S. Scarlini et rapporté par le Dr A. M. G. Muscarella, s'inscrit précisément dans ce contexte, clarifiant un aspect crucial concernant la relation entre le délit de violation de domicile et celui d'invasion arbitraire de la propriété d'autrui. Cette décision, qui a partiellement annulé avec renvoi un précédent arrêt de la Cour d'appel de Lecce, offre des pistes de réflexion essentielles pour la compréhension des protections juridiques en matière de propriété et de liberté individuelle.
Pour comprendre pleinement la portée de l'arrêt en question, il est nécessaire de faire un pas en arrière et d'analyser les deux infractions pénales concernées : la violation de domicile, prévue par l'article 614 du Code pénal, et l'invasion de terrains ou d'immeubles, régie par l'article 633 du Code pénal. Bien qu'elles puissent sembler similaires à première vue, ces normes protègent des biens juridiques distincts et prévoient des conduites différentes.
La différence essentielle réside dans le bien juridique protégé : la liberté personnelle et la vie privée dans le premier cas, le droit de propriété et la tranquillité publique dans le second. C'est précisément cette distinction qui a guidé la Cour suprême dans son analyse.
Le cœur de la décision de la Cour de cassation est contenu dans la maxime suivante, qui clarifie de manière sans équivoque la question :
Le délit de violation de domicile concourt avec celui d'invasion arbitraire de la propriété d'autrui, aucun rapport de spécialité n'existant entre eux.
Cette affirmation est d'une importance fondamentale. En droit pénal, le « concours de délits » se produit lorsqu'un sujet commet plusieurs délits par une ou plusieurs actions. Le « rapport de spécialité », quant à lui, existe lorsqu'une norme (spéciale) contient tous les éléments d'une autre norme (générale), plus un ou plusieurs éléments supplémentaires qui la spécifient. Dans ce cas, conformément à l'article 15 du Code pénal, seule la norme spéciale s'applique. La Cour de cassation, dans ce cas, a catégoriquement exclu l'existence d'un rapport de spécialité entre l'article 614 c.p. et l'article 633 c.p.
Cela signifie que, si une conduite intègre simultanément les éléments constitutifs des deux délits – par exemple, un sujet qui s'introduit abusivement dans une habitation (violation de domicile) dans l'intention de l'occuper de manière stable (invasion d'immeuble) – il ne faudra pas appliquer une seule des deux normes, mais les deux, en concours. La raison de cet orientation réside, comme anticipé, dans la diversité des biens juridiques protégés : la violation de domicile protège la sphère privée de l'individu, tandis que l'invasion d'immeuble protège la propriété au sens large. Étant donné que les biens protégés sont différents, on ne peut parler de spécialité, et donc les deux normes peuvent coexister et s'appliquer conjointement au même fait ou à des faits distincts mais liés, commis par la même personne.
La décision de la Cour suprême, qui a impliqué l'accusé L. L., n'est pas isolée mais s'inscrit dans une lignée jurisprudentielle déjà tracée, comme le démontrent les références à des maximes antérieures (notamment N° 1044 de 2000, N° 20664 de 2017 des Sections Unies et N° 1235 de 2011 des Sections Unies). Elle réaffirme un principe consolidé : la pluralité de biens juridiques lésés par une même conduite (ou par des conduites étroitement liées) peut entraîner la contestation de plusieurs délits en concours. Pour les professionnels du droit, cet arrêt renforce la nécessité d'une analyse attentive de la conduite illicite et des intentions de l'agent, afin de qualifier correctement les délits et d'appliquer les sanctions les plus appropriées. Il ne s'agit pas d'une simple duplication de peines, mais de la réponse correcte de l'ordonnancement juridique à une atteinte qui concerne plusieurs intérêts méritant protection.
L'arrêt n° 17653/2025 de la Cour de cassation représente un point d'ancrage important pour la jurisprudence italienne en matière de délits contre la personne et le patrimoine. Il clarifie de manière définitive que la violation de domicile et l'invasion d'immeuble peuvent concourir, soulignant la diversité des biens juridiques que ces normes visent à protéger. Pour les citoyens, cette décision est un avertissement sur la gravité avec laquelle l'ordonnancement juridique protège la sphère privée et la propriété d'autrui. Pour les avocats et les juges, elle offre un guide clair dans l'interprétation et l'application de ces infractions, garantissant une plus grande sécurité juridique et une réponse pénale plus conforme à la complexité des conduites illicites. À une époque où les occupations abusives et les intrusions dans les espaces privés sont malheureusement monnaie courante, une jurisprudence claire et cohérente est fondamentale pour préserver les piliers de la coexistence civile et de la légalité.